Yvon revient sur son parcours de foi et de vie au service des autres. Issu d’une famille chrétienne catholique, il découvre très jeune, à travers les paroles de l’Évangile, un message qui bouleversera sa vision du monde : aimer sans attendre en retour, donner sans rien espérer, et même aimer ses ennemis. Ces mots de Jésus éveillent en lui le désir d’une foi personnelle, vivante et incarnée.
À une dizaine d’années, son goût pour les choses de la foi le conduit naturellement vers le petit séminaire, où sa vocation mûrira lentement. Ordonné prêtre le 2 juin 1973 à Saint-Juste, Yvon choisit, avec un compagnon d’ordination, de se mettre au service du monde rural, souvent oublié à cette époque. Pendant plus de douze ans, il exerce son ministère dans les campagnes autour de Béziers avant de devenir curé à Vias, Florensac, puis Agde, tout en assurant l’aumônerie de collèges et lycées pendant quinze ans.
Yvon raconte avec simplicité la réalité de la vie de prêtre : les nominations décidées par l’évêque, les missions renouvelées tous les six ans, et la retraite à 75 ans, qu’il envisage comme un passage plutôt qu’un arrêt. Fidèle à son esprit de service, il souhaite continuer à aider la paroisse locale, mais sans responsabilité de curé.
Au fil du temps, il reconnaît avoir beaucoup évolué. Lui qui, enfant, parlait peu, a appris à s’exprimer, à écouter et à partager. Son ministère, dit-il, l’a profondément façonné à travers les rencontres humaines et spirituelles qu’il a vécues.
Prêtre atypique, Yvon ne porte ni soutane ni col romain. Dans la rue, personne ne devinerait sa fonction, et cela lui va très bien. Héritier de la génération post-68, il revendique une Église plus proche du peuple, moins séparée, où le prêtre n’est pas au-dessus mais au milieu des autres. Il se méfie du retour au cléricalisme et de la hiérarchie symbolique que renforcent parfois les tenues ou les titres. Pour lui, il faut revenir à l’essentiel : se reconnaître frères, quels que soient les rôles ou les titres.
À travers ce témoignage sincère et touchant, Yvon partage une vision ouverte et fraternelle du sacerdoce, nourrie d’humilité, de simplicité et d’un engagement profond envers les hommes et la foi.