Cette année encore la fête de Mèze a été un grand succès. La mort du boeuf en marque la fin.
L’histoire du bœuf de Mèze dit qu’un habitant des Mourgues, quartier autrefois isolé de toute habitation, possédait un bœuf pour la culture de son terrain, et que cet animal étant mort, on conserva sa peau comme une relique qui fut étendue sur un mannequin en bois et soigneusement conservée dans la famille.
Lorsque la peau primitive fut usée, on construisit un bœuf colossal que l’on recouvrit d’une toile simulant la tête avec les cornes, sous laquelle se logèrent les hommes chargés de porter cette carcasse.
Le bœuf est manœuvré par huit hommes, quatre de chaque côté; il est formé par une grande toile brune qui descend jusqu’à terre et cache les porteurs. Un homme est chargé de faire mouvoir la tête et les mâchoires, au moyen d’une gaule, et un autre, tenant entre ses mains un baril recouvert d’une peau d’âne tendue, traversée au milieu par une corde goudronnée, imite, en faisant glisser cette corde entre l’index et le pouce un mugissement assez pareil à ceux des bœufs. Au dehors un conducteur ou cornac, armé d’un long aiguillon, commande les évolutions à faire.
A un moment donné, sur un signal du conducteur, le bœuf se met à courir, et gare à qui se trouve sur son passage! Il est impitoyablement renversé, au grand contentement des spectateurs. Le bœuf est de toutes les fêtes publiques, comme il était autrefois des fêtes religieuses.
(Extrait des Publications sur l’Histoire des Communes de l’Hérault, Albert FABRE, vers 1875)