A l’occasion de « Mèze honore les femmes », Isis Olivier, artiste anglaise, a exposé au Chai du château de Girard tout au long du mois de mars 2014. Françoise Saddier, une artiste mézoise, nous fait découvrir qui elle est.
Isis Olivier est née en Tanzanie et a grandi en Angleterre. Enfant, elle dessinait beaucoup et à l’âge de 11 ans, elle gagne un prix scolaire d’arts plastiques.
Son tout premier dessin de nu féminin date de cette époque : Europa, rose avec un grand sourire – aux crayons de couleur bien sûr! Souvent, elle laissait ses dessins inachevés, c’est toujours le cas d’ailleurs , mais elle aime cette qualité.
Elle a expérimenté la peinture à l’huile dès l’adolescence et les expériences continuent. En parallèle, elle a participé à des ateliers de modèles vivants au Diorama, à Londres. Depuis, le nu féminin est devenu un de ses sujets préférés. Elle organise aujourd’hui ses propres ateliers de modèle vivant.
En 1986, étudiante à Édimbourg, elle fait du modelage en terre, toujours des corps de femmes. C’est alors qu’elle comprend que son intérêt pour l’anatomie humaine était moins médical qu’artistique !
En 1994, une de ses peintures à l’huile a été sélectionnée pour un prix jeunes artistes – the Winsor and Newton Young Artists’ Award – aux Mall Galleries. Un signe modeste mais encourageant, donc elle a poursuivi…
Dans son village de Lasalle, au coeur des Cévennes, elle travaille en parallèle le paysage et le nu pour voir comment ils peuvent s’imbriquer, s’entremêler. Les mêmes techniques, encre sur papier ou toile, ou le collage sur des cartes géographiques ou marines lui permettent d’opérer un rapprochement.
Depuis 2008, elle utilise en effet comme fond de ses toiles de nus féminins de vieilles cartes marines. L’idée est venue quand on lui a proposé de collaborer sur un livre, “Au lieu des corps”, recueil de poèmes d’amour de Pascal Rebetez (Éditions Encre et Lumière).
« Les cartes constituent un point de départ très poétique pour la peinture de nu. Par exemple, la rose des vents évoque parfaitement la forme des seins ou du ventre. Les courbes de niveau et les profondeurs d’un loch ou d’une mer me guident pour dessiner le corps de la femme. Quelques-unes de ces cartes datent du 19e siècle. Leurs teintes, les marques et les taches montrent qu’elles ont servi à la navigation bien avant que je les trouve.
Quand j’ai commencé ce travail, les cartes du corps n’étaient que des croquis à l’huile très diluée qui permettaient de voir par transparence la gravure d’origine. Puis, graduellement, la peinture est devenue plus épaisse, mais certaines parties sont laissées à la gravure de la carte. L’effet est parfois extrêmement surprenant car le relief pré-dessine le contour du corps, il en reprend naturellement les courbes.
Récemment j’ai utilisé le collage, déchiré des cartes avant de les assembler sur la toile pour créer une nouvelle géographie du corps féminin. »